Un jour tu entends une voix à la radio, qui fait des trucs incroyables. Elle parle, elle chante, elle parl’chante et chant’parle, elle chantonne, elle s’esclaffe, elle enchante, elle lyrique à fond, elle jazze dans les graves et Rossinise dans les aigus, elle glousse et vocalise jusqu’aux nues, et se raucise et se colorise illimitée, se classicise le barrocco dans le plain chant, savante populeuse, se grille à tous les lampions, trop près de la lumière, trop loin dans les profondeurs, trop haut à s’envoyer en l’air. Jouissance et perte, prise de risque totale, à arpenter le temps libre, ultra virtuose fulgurante, unie à ses contrastes, lâchée dans tous les champs de l’inconscience électrique sauvage, paisible sensuelle et lumineuse intelligente. Et là tu te dis : ah, voilà, c’est ça. C’est exactement ça que je veux faire. Voix là. Chanter ça. Dire ça. De toutes ces façons-là. Voilà pourquoi je m’adonne à la « musique contemporaine », ou peut importe comment on appelle la musique, là, quand elle classique baroque ancienne festive poétise futurise le présent immédiat. Allez! Salut à toi, mademoiselle Berberian, sacrée ouvreuse de voix.